La charge mentale méconnue des femmes : professionnelles et maîtresses de maison
Dans une récente discussion professionnelle avec une connaissance, nous en sommes arrivés à parler de l’équipe qu’il dirige en entreprise.
M’expliquant que ses principaux collaborateurs sont des femmes, il me dit, sans penser à mal : « j’aurai préféré avoir au moins un homme dans mon équipe ; les femmes sont moins concentrées, surtout les femmes mariées. »
Le constat étonnant de sa préférence pour des collègues masculins a suscité en moi une réflexion profonde sur la double pression que subissent les femmes tant sur le plan professionnel que familial.
À travers cet article, je souhaite partager mon point de vue sur cette question cruciale et souvent négligée.
Le défi de jongler entre deux mondes
Les femmes se retrouvent face à un dilemme délicat, contraintes par la société à répondre à des attentes professionnelles tout en conciliant leurs responsabilités familiales. En effet, on ne leur pardonnera pas d’être moins performantes en entreprise en raison de leurs responsabilités familiales, tout comme on les blâmera de négliger leurs obligations familiales au profit de leur carrière.
Les stéréotypes persistent, et il est encore courant de blâmer les femmes mariées pour une prétendue moindre concentration au travail. Pourtant, nombreuses sont celles qui parviennent à jongler entre ces deux aspects de leur vie, dont les teneurs respectives, qu’il n’est pas nécessaire de rappeler, ont tendance à nous faire oublier qu’il s’agit d’une véritable prouesse, tant sur le plan physique qu’intellectuel.
L’influence des modèles familiaux
Dans de nombreuses familles africaines, un modèle déséquilibré est établi dès l’enfance, assignant des rôles distincts aux filles et aux garçons. La fille qui rentre de l’école est astreinte à l’exécution des tâches domestiques en plus de ses révisions quotidiennes tandis que le garçon, lui, a le temps de s’amuser, se repose ou peut se consacrer entièrement à ses devoirs. Cette dynamique crée des attentes disproportionnées en matière de tâches domestiques pour les filles, influençant ainsi leur équilibre entre vie professionnelle et familiale. Mon point n’est pas pour l’heure de remettre en question la construction de nos sociétés mais de porter à votre attention un fait certain.
Le métier invisible de maîtresse de maison
Nous vivons à une époque où les femmes poursuivent des études approfondies, accèdent à des positions professionnelles de premier plan, tout en continuant d’assumer la charge domestique, souvent sans le soutien nécessaire de certains conjoints.
En effet, au-delà des responsabilités professionnelles, le rôle de mère, épouse et maîtresse de maison est souvent sous-estimé. Les femmes endossent un fardeau physique et émotionnel important, jonglant entre leurs emplois et la gestion des tâches ménagères. Il est temps de reconnaître cette réalité et de remettre en question les modèles traditionnels qui pèsent sur les femmes.
L’appel à l’équité
Avant de juger les compétences de nos collègues femmes, il est impératif de questionner les conditions de travail et de reconnaître les défis auxquels elles font face.
Messieurs, avant de reprocher à vos femmes de ne pas « remplir convenablement leur rôle de mère ou d’épouse », rappelez-vous que, tout comme vous, elles travaillent et subissent également la pression des objectifs professionnels. Comme vous, elles rentrent exténuées, mais se démènent chaque jour, en parallèle de leur journée de travail, pour assurer la bonne exécution des tâches ménagères, de la gestion des enfants aux menus du jour, en passant par la gestion du personnel. Nous ne vivrons certainement pas assez longtemps pour voir les choses se rééquilibrer, mais s’il est une chose que l’on peut faire dès aujourd’hui, c’est accorder à ces femmes le mérite qui leur est dû et surtout questionner l’équité de ce modèle dont beaucoup ont fait une norme.
Les hommes sont appelés à prendre conscience de la pression professionnelle et familiale que subissent les femmes, évitant ainsi des reproches injustifiés. La clé réside dans la création d’un environnement équitable qui favorise la conciliation entre vie professionnelle et personnelle.
Bien que le 8 mars soit désormais derrière nous, la nécessité de réfléchir et d’agir en faveur de l’équité persiste. Plutôt que de simplement célébrer une journée dédiée aux femmes, prenons le temps de remettre en question les normes établies et de reconnaître la valeur des femmes dans tous les aspects de leur vie.
Accorder aux femmes le mérite qui leur est dû et créer des environnements de travail équitables sont des démarches cruciales pour construire un avenir où la diversité des rôles est respectée et célébrée au quotidien.
HASSINA SOPIO
Diplômée en Communication et médias, Hassina poursuit une spécialisation en relations publiques et de l’évènementiel. Son sens de l’analyse associé à un goût prononcé pour la rédaction lui permettent de proposer des écrits sur des sujets variés tels que la communication, les soft skills ou le développement personnel.